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Césure, DU d’orientation : une année pour trouver sa voie après le bac
D’après Michèle Longour de Réussir ma vie
On peut désormais faire une année de césure après le bac mais des universités proposent aussi sur Parcoursup une année de réflexion sur son orientation. Un parcours pour mieux se connaître, s’ouvrir au monde, bâtir un projet et choisir les études qu’il faut pour le réaliser.

A l’université Paris Descartes, cela s’appelle PaRéO : « Passeport pour réussir et s’orienter »est un diplôme d’université (DU) innovant crée en 2015 qui remporte un succès croissant : 150 candidats la première année, 200 en 2016, 988 en 2017.
C’est en discutant avec une camarade qu’Andréa, en terminale ES, a découvert le parcours. « Elle m’a dit qu’elle hésitait entre une licence de droit et Paréo. Je lui ai demandé ce qu’était Paréo, et j’ai trouvé cela super intéressant : l’idée de prendre un an pour réfléchir à ce qu’on veut faire et de réaliser plusieurs stages m’a vraiment attirée ».
Paréo : se questionner pour se découvrir, ce n’est pas perdre un an
Six mois plus tard, l’étudiante sait déjà qu’elle veut faire des études en alternance : « c’est le mode d’apprentissage qui me convient le mieux ». Une option qu’elle n’avait pas envisagée en terminale : « Au lycée, on n’est pas poussé à réfléchir profondément, on choisit souvent des études en fonction de sa série de bac au lieu de le faire en fonction d’un projet professionnel. »
Au DU Paréo, changement de méthode. Certes, les étudiants suivent quelques cours pour découvrir des disciplines enseignées à l’université (en sciences ou sciences de la société). Mais ils participent aussi à des ateliers pour apprendre à faire un CV ou une lettre de motivation et ils font plusieurs stages en entreprise.
« Nous les plaçons dans des situations qui les poussent à s’interroger, explique Marion Petipré, coordinnatrice pédagogique de Paréo. Au début, les étudiants sont déroutés, mais nous les accompagnons et petit à petit, chacun se découvre et y voit plus clair sur ses motivations. Prendre un an pour faire cela, cela vaut la peine, ce n’est pas perdre son temps ».
Muscler la persévérance, l’organisation et la confiance en soiSurtout, les étudiants montent plusieurs projets comme le forum métiers qu’ils organisent eux-mêmes. Il doivent aussi chercher leurs stages, écrire des lettres de motivation, et présenter au final leur projet professionnel à l’oral en public.
Une pédagogie qui muscle la persévérance, l’organisation et la confiance en soi, trois ingrédients constitutifs de la fameuse maturité à acquérir à l’orée de l’âge adulte.Après son bac S, Léa avait fait un an de prépa pour être psychomotricienne mais elle a raté ses concours : « J’ai craqué à cause du stress et j’ai fait Paréo pour reprendre confiance en moi et retrouver espoir dans un projet », témoigne-t-elle. Objectif totalement atteint grâce à l’oral qu’elle a soutenu face à 300 personnes et aux ateliers théâtre. Au point qu’elle envisage de faire Staps pour travailler dans la préparation mentale des sportifs !Faire le point après un premier échec
Le DU Paréo de l’université Paris Descartes est en effet ouvert également à des étudiants en réorientation après un échec ou un abandon en L1 ou en prépa.
L’exemple de Marion, en réorientation :
Faire un semestre Rebond pour savoir comment se réorienterD’autres universités en France proposent à leurs étudiants « décrocheurs « de première année un semestre « rebond » entre février et juin. A l’université de Bourgogne, par exemple, les étudiants suivent des cours de méthodologie, d’anglais, d’expression écrite. Ils travaillent leur projet professionnel avec le pôle orientation de l’université et suivent des cours de spécialité qui leur donnent des ECTS (crédits universitaires). Et après ? Selon leur projet, ils peuvent reprendre une L1 à la rentrée suivante ou entrer dans l’IUT de l’université.
A Lyon 2, les étudiants en semestre rebond peuvent aussi rencontrer des associations, des personnalités, des chefs d’entreprise, histoire de s’ouvrir au monde pour se motiver et y trouver sa « mission ».
Celle-ci ne passe d’ailleurs pas toujours par l’université. Après le DU Paréo, 37% des étudiants choisissent de faire une licence et s’inscrivent en L1 à Paris Descartes, mais 10% vont en DUT, 7% en BTS, 19% entrent dans des écoles postbac et 11% commencent à travailler. « Il faut apprendre à se connaître sans préjugés et tout envisager, dit Marion Petipré. En 2018, un étudiant va même entrer en apprentissage chez les Compagnons du devoir ».
De nouveaux parcours avant la L1pour les étudiants en « oui, si »
La réforme de l’entrée à l’université votée en 2018 va aussi susciter l’ouverture de nouveaux parcours pour les étudiants à qui sera faite la réponse « oui, si » à leur demande d’entrée en L1.
Par exemple si vous obtenez un « oui, si » à votre demande de L1 droit, il faudra suivre et réussir une année de remise à niveau pour atteindre les « attendus » de la filière : cours d’expression écrite et orale, culture générale, vocabulaire juridique, argumentation… Après seulement vous pourrez entrer en L1 droit. Et le même genre de parcours sera proposé dans toutes les disciplines.
A Paris Descartes, l’expérience du parcours Paréo va inspirer ces parcours « oui si » disciplinaires. Mais le DU Paréo entièrement consacré à la réorientation continue d’exister pour tous ceux qui veulent prendre du recul avant de foncer sur une filière. Comme pour une L1, l’inscription se fait sur Parcoursup.
Nouveau : faire une année de césure ?
Mais la plateforme Parcoursup et la réforme de l’entrée dans le supérieur offrent aussi à partir de 2018 une nouvelle option aux bacheliers : faire une année de césure après le bac, avant d’attaquer sa formation proprement dite.
Jusqu’à présent, les universités et les autres établissements n’accordaient cette possibilité qu’à des étudiants en milieu de cursus (par exemple entre la licence et le master). Et ceux qui voulaient prendre le large après le bac devaient courir le risque de partir sans avoir aucune inscription et sans être étudiant.
Désormais, on peut demander à faire une année de césure mais il faut tout de même choisir une inscription dans une filière. Comme précédemment, l’établissement peut toutefois refuser la césure, et il ne donne son accord ou son veto qu’après l’inscription administrative. Il faut donc d’abord être admis, accepter sa place, puis faire son inscription et après seulement savoir si l’on peut commencer son cursus par une année de césure.
Pour que cela marche, il faut bien sûr présenter un projet cohérent : par exemple, vouloir faire un séjour linguistique à l’étranger avant d’attaquer une licence Langues étrangères appliquées ou un BTS de commerce international peut avoir du sens. Si l’établissement vous accorde le droit de faire cette année de césure, vous gardez alors durant votre année le statut étudiant, et surtout votre place pour démarrer votre formation l’année suivante.
Et si l’on n’obtient pas sa césure ou qu’on ne sait justement pas quelle filière choisir ? Libre à vous de partir à l’étranger pour voyager, travailler ou améliorer vos langues par exemple en prenant un job au pair dans une famille. Mais prenez tout de même le temps de réfléchir pour bâtir un projet cohérent et si possible prévoir la suite. Si possible, rencontrez un coach ou un conseiller d’orientation.
IFF Europe : le programme OPEN, Orientation, Projet, Engagement

Une autre année de réflexion sur l’orientation est aussi proposée dans l’enseignement supérieur privé par l’association IFF Europe, en partenariat avec l’université catholique d’Angers : le programme OPEN (Orientation, Projet, Engagement) débouche sur un diplôme d’université (DU) qui donne 60 ECTS.
Mais là encore, il aide surtout à mieux se connaître et à bâtir un projet qui ait du sens. « Après deux années ratées en fac, je ne savais plus trop où j’en étais, raconte Mathieu, 20 ans. J’avais besoin de retrouver une dynamique ».
Ou faire un service civique
Si vous cherchez simplement à vivre une expérience internationale de solidarité, vous pouvez aussi explorer les formules de service civique à l’étranger.
Lancé en 2010 en France, le service civique permet à des jeunes de 16 à 25 ans (avec ou sans le bac) de travailler six à douze mois dans une association ou une collectivité locale. Santé, environnement, aide aux plus pauvres, personnes âgées, soutien scolaire, animation culturelle et même missions humanitaires, le choix est vaste…
Une façon de se rendre utile, de s’engager dans un secteur que l’on aime et de développer des compétences qui peuvent aider à cerner son projet d’avenir. La mention d’un service civique sur un CV est appréciée des recruteurs.
Surtout, pendant votre service, un tuteur vous accompagne et en fonction de ce qui vous a plu dans l’expérience, il vous aide à faire un choix d’orientation ou de formation à la sortie. Encore une façon de trouver sa voie par étape, en se donnant le droit de vivre autre chose que des études classiques.
